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 L'origine de l'Homme, sa nature, son essence
 

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25 mars 2006 6 25 /03 /mars /2006 14:10

"La plus belle histoire de l'homme - Comment la terre devint humaine", écrit par André Langaney, Jean Clottes, Jean Guilaine et Dominique Simonnet
1998 - Seuil

Cet ouvrage collectif fait suite à "La plus belle histoire du monde" (Hubert Reeves, Joël de Rosnay, Yves Coppens et Dominique Simonnet).

Il se présente sous forme d'entretiens, de questions-réponses qui apporteront leur éclairage dans trois domaines fondamentaux pour comprendre le cheminement jusqu'à nos sociétés actuelles : l'appropriation territoriale de la planète, l'ouverture à l'imaginaire et à l'art, et la conquête du pouvoir. Ce livre détaille "comment l'homme s'est arraché à la nature, l'a colonisée, transcendée, transformée puis s'est pris au piège de sa propre culture".

Des réponses simples, mais pas simplistes, à tous ceux qui s'interrogent sur l'origine et la singularité de l'espèce humaine.

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16 mars 2006 4 16 /03 /mars /2006 15:54
Entre les désirs et leur réalisation s'écoule toute la vie humaine.

Arthur Schopenhauer
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16 mars 2006 4 16 /03 /mars /2006 14:52
Spécificités du langage humain
  • La capacité à l'alternance : c'est ce qui permet un aller-retour entre les interlocuteurs dans une véritable communication à double sens. La différence est à soigneusement établir avec le langage animal dont les signaux émis unilatéralement déclenchent une réaction et non d'entrer en relation sur le mode du langage.
  • La capacité à exprimer le possible et non seulement le réel présent. C'est la condition sine qua non de la capacité d'abstraction.
  • La capacité à exprimer des liens logiques : elle permet que naisse l'argumentation.
  • La capacité à exprimer la mémoire du passé : l'aboutissement le plus achevé de cette capacité est l'écriture, mais la transmission orale existait antérieurement, usant de cette même capacité.
  • Chez les animaux, il s'agit d'un besoin : chez les humains « l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent que d'une faculté propre à l'Homme, qui fait employer ses organes à cet usage » (Essai sur l'origine des langues, Jean-Jacques Rousseau). Ce n'est pas spécialement une aptitude physique qui donne aux Hommes le langage.
  • L'Homme est « capable d'arranger ensemble diverses paroles et d'en composer un discours ». (René Descartes). C'est ce que le linguiste Martinet a nommé la double articulation. Avec un nombre fini de moyens (les phonèmes ou à l'écrit les graphèmes), l'Homme est capable de composer une infinité de discours.
  • Le langage humain est acquis. Tandis que le langage animal est inné. En effet, l'Homme doit apprendre à parler : à 4-5 mois, il gazouille, à 10 mois, il connaît 3 ou 4 mots pour maîtriser l'usage de plus de 3000 mots vers 3 ans.
  • La capacité d'abstraction des mots est ce qui nous différencie assurément des animaux .Car oui l'abstraction est le principe même du fonctionnement du dire c'est ainsi que la polysémie et la synonymie ne sont pas des accidents du langage , ce sont des caractéristiques permanentes du fonctionnement du langage. C'est cette capacité abstraite du mot qui nous permet de décrire avec une infinité de nuances une réalité.
  • Ce n'est donc pas grâce au langage à proprement parler que nous pouvons communiquer mais par le biais de notre capacité de logique à mettre en forme nos idées de manière sémantique structurée.








Deux éléments indispensables au langage : l'appareil phonatoire, notamment un larynx en position basse (de sorte à ce que le pahrynx serve de caisse de résonnance), et un cerveau équipé des aires de Broca et de Wernicke.






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9 mars 2006 4 09 /03 /mars /2006 09:11

Comment sont apparus les premiers êtres vivants?

 

Depuis les travaux de Pasteur (1870), la théorie de la génération spontanée a été définitivement mise de côté et il est admis que tous les organismes vivants proviennent de la reproduction d'organismes préexistants. Malgré tout, la question de l'origine des premiers organismes vivants demeure. Actuellement, ta plupart des scientifiques estiment que la vie est née de la matière inanimée. Beaucoup pensent même que l'apparition de la vie est une étape inéluctable de l'évolution de la matière et qu'en conséquence il est probable que des formes vivantes existent ailleurs dans l'univers. Mais alors, en dehors de l'hypothèse de la création (que la Genèse, on le sait, décrit en sept jours), comment sont apparues les premières «structures» vivantes ?

 

La cellule est l'unité de base des êtres vivants : les plus simples sont constitués d'une seule cellule, les plus complexes de plusieurs milliards. Si l'on réalise une analyse chimique de ces cellules, on s'aperçoit qu'elles sont constituées de molécules et de macromolécules organiques telles que les protéines, les glucides, les lipides ou les acides nucléiques. Actuellement, l'ensemble de ces composés organiques essentiels à la vie sont exclusivement fabriqués par les êtres vivants. Alors comment sont-ils apparus dans un milieu purement minéral ?

 

 

Formation de la « soupe primitive »

 

C'est en 1924 que, pour la première fois, un biochimiste soviétique, Oparine, émet l'hypothèse que des composés prébiotiques, c'est-à-dire l'équivalent des futurs composés organiques, ont pu être synthétisés sur la terre en dehors de toute structure vivante. Indépendamment des travaux d'Oparine, un biologiste anglais, Haldane, arrive aux mêmes conclusions quelques années plus tard.

 

En ce début du XXè siècle, on commençait à se faire une idée des conditions qui régnaient il y a environ 4.5 milliards d'années sur la terre. L'atmosphère de notre planète, totalement dépourvue d'oxygène, était alors constituée d'un mélange d'hydrogène de méthane, d'ammoniac et de vapeur d'eau.

 

Pour Oparine et Haklane, la composition de ce mélange aurait permis, en présence de sources énergétiques telles que les rayons ultraviolets du soleil (il n'y avait pas de couche d'ozone protectrice à cette époque) ou les radiations ionisantes, ou les éclairs des violents orages, la formation en grande quantité des molécules prébiotiques. Ces composés se seraient accumulés progressivement dans les océans en formant ce que l'on appellera la « soupe primitive ». Cette hypothèse permettait, pour la première fois, d'envisager comment des molécules apparentées aux molécules organiques avaient pu être synthétisées en conditions abiotiques. Mais il faudra attendre les années 1950 pour qu'un début de preuve expérimentale vienne la conforter. Ainsi, Stanley Miller, jeune étudiant dans le laboratoire de Urey, construit, en 1953, un appareil dans lequel il fait le vide avant d'introduire un mélange gazeux mimant au mieux l'atmosphère supposée de la terre primitive. De l'eau, contenue dans un ballon, représente l'océan. Cette eau est portée à ébullition (il faisait très chaud à l'époque) et des étincelles produites par des décharges électriques imitent les éclairs des violents orages qui devaient se produire fréquemment. Enfin, un système de refroidissement mime la formation de pluies qui retombent dans « l'océan ».  Ce système est très simple, et Miller lui-même éprouve quelques doutes sur la possibilité d'obtenir des résultats de cette manière, puisque l'on raconte qu'il a fait ses premières expériences en cachette ! Et pourtant... en analysant les produits formés au cours de l'expérience, il constate que de nombreux composés organiques ont été synthétisés en conditions abiotiques. Par la suite, d'autres équipes, reproduisant de manière plus précise, grâce aux données nouvelles apportées par les astrophysiciens et les géologues, les conditions de la terre primitive, et utilisant d'autres sources d'énergie (UV, chaleur, etc.), réussissent, eux aussi, à synthétiser des molécules organiques.

 

Cependant, si ces expériences permettent d'envisager de manière crédible comment se sont formées les premières molécules prébiotiques, elles ne suffisent pas, et de beaucoup, à expliquer comment se sont organisés des édifices plus complexes tels que les macromolécules, indispensables à la formation des cellules.

 

Les molécules s'organisent

 

Soumises aux lois physico-chimiques, les molécules ne peuvent pas s'associer de n'importe quelle manière. Elles possèdent des groupements d'atomes plus réactifs que d'autres qui permettent la formation de liaisons. Dans une cellule vivante, les parties réactives des molécules sont mises en présence les unes avec les autres par l'intermédiaire de catalyseurs organiques, les enzymes. Les catalyseurs ont pour rôle d'accélérer les réactions chimiques sans être eux-mêmes modifies. Mais ces enzymes sont des macromolécules... qu'il est donc impossible de trouver dans la soupe primitive. En leur absence, la probabilité d'accrochage de deux molécules devait être très faible. Alors ?

 

Plusieurs travaux récents suggèrent que certains minéraux (argile, sable, lave) ou certains ions (atomes portant une charge électrique) ont pu jouer un rôle de catalyseur en rapprochant certains groupements réactifs. Ainsi en 1970, A. Katchalsky et J.D. Bernai ont montré le rôle de certaines argiles dans la synthèse de protéines (rnacromolécules formées par l'association d'acides aminés). L'argile de structure semi-cristalline servirait de « moule » aux petites molécules, facilitant ainsi la rencontre de leurs groupements réactifs. Plus tard en 1980, Orgel a également réussi, à l'aide d'argile, la synthèse d'autres macromolécules : les acides nucléiques, supports de l'information génétique. Même accélérés par ces supports catalytiques fournis par l'environnement, ces phénomènes ont dû être extrêmement lents. C'est alors que serait apparue chez certaines de ces macromolécules une propriété nouvelle, la capacité d’autocatalyse. C'est encore à Orgel que l'on doit d'avoir démontré que des chaînes d'acides nucléiques formées dans des conditions précaires peuvent catalyser la formation de nouvelles chaînes, provoquant ainsi une énorme amplification de la synthèse. Comme le dit Calvin, cette activité auto-catalytique permet, bien avant l'existence du premier organisme vivant, une activité de reproduction à l'échelle moléculaire.

 

L'origine des premières cellules

 

Si toutes les données recueillies à ce jour permettent d'émettre des hypothèses acceptables sur la manière dont se sont formées les premières macromolécules d'intérêt biologique, on est encore loin de comprendre les étapes supplémentaires nécessaires à l'apparition d'une cellule. Il faudra, en particulier, réussir à trouver les mécanismes qui ont permis la formation des lipides, constituants indispensables des membranes. La structure des membranes des cellules est identique chez tous les êtres vivants. Il est donc probable que leur origine remonte très loin dans le temps. Oparine, à partir de protéines, ou Fox à partir de substances prébiotiques, ont pu réaliser la synthèse de microsphères ou microgouttes qui permettent la formation d'unités individuelles stables. Ces microgouttes sont capables d'accumuler certaines molécules en les séparant du milieu extérieur par des pseudo-membranes, mais nous ne possédons presque aucune donnée sur l'évolution possible de tels systèmes. Il faudra également réussir à comprendre comment, à l'intérieur de ces unités, a pu se mettre en place un métabolisme primitif, et comment se sont créés les liens qui existent actuellement entre les différentes familles de macromolécules. Même dans les cellules les plus simples connues actuellement, la moindre synthèse nécessite la mise en jeu des acides nucléiques qui sont responsables de la reproduction et de l'expression du programme génétique, des protéines qui servent de catalyseur (enzymes) des réactions chimiques et des matériaux pour l'édification de la cellule. Des expériences récentes (1986) réalisées par Cech apportent un tout début de réponse. Ce chercheur a observé que certaines molécules d'ARN (une des deux grandes familles d'acides nucléiques) sont non seulement douées de pouvoir autocatalytique, c'est-à-dire capables de se reproduire, mais encore qu'elles peuvent faciliter la réalisation de réactions chimiques, comme ie font les enzymes. Ces travaux remettent à l'honneur les hypothèses de Woese et Orgel qui proposaient que les ARN soient les premières molécules biologiques à être apparues. Ainsi, comme nous venons de le voir succinctement, presque tout reste à découvrir pour comprendre comment s'est fait le passage de l'organique simple au vivant.

 

À l'avenir, ces travaux seront sans doute facilités par les connaissances de plus en plus approfondies que d'autres chercheurs apportent sur les caractéristiques des premières cellules. Grâce au développement de la biologie moléculaire, du génie génétique et de l'informatique, il devient possible de « remonter le temps » de plus en plus loin et d'établir un arbre d'évolution de plus en plus précis. C'est à l'aide de ces nouvelles techniques que Woese, en 1978, a pu identifier un nouveau règne vivant : les archaebactéries. Ces bactéries vivent dans des milieux extrêmes. Ainsi, certaines d'entre elles se développent au fond des océans, dans un environnement dépourvu d'oxygène et analogue aux conditions qui régnaient aux origines de la terre ( les « fumeurs noirs » des dorsales océaniques : petites cheminées laissant échapper des solutions minérales venues des profondeurs de l'écorce terrestre). On peut espérer que leur étude permettra de reconstituer plus facilement les caractéristiques essentielles des cellules originelles qui se sont formées il y a environ 3,5 milliards d'années.

Extrait de "Biologie pour psychologues"
Jean JOLY / Daniel BOUJARD
Editions DUNOD - 2001 (2e édition)

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3 mars 2006 5 03 /03 /mars /2006 15:08
Définition de la diagnose

En histoire naturelle, la diagnose est la description des caractères d'un genre ou d'une espèce



Qu'est-ce que le genre Homo ?

L'anatomie comparée permet de proposer une définition précise de ce qui fait, physiologiquement, un Homme …

Le genre Homo s'est répandu aux environs de deux millions d'années vers l'Afrique du Sud puis à travers les trois continents de l'Ancien monde et a conquis, durant les derniers cent mille ans, l'ensemble des étendues terrestres.

La première définition de ce genre fut établie par le naturaliste suédois Carl Von Linné en 1758, avec comme espèce type Homo sapiens. De nombreuses diagnoses furent proposées et modifiées à la lumière des nouvelles découvertes d'hominidés fossiles.

Le Gros Clark (1955) définit le genre Homo comme un genre de la famille des Hominidés, qui se distingue par une forte capacité crânienne d'une valeur moyenne supérieure à 1100 cm3, avec une gamme de variation allant de 900 à 2000 cm 3. Quelques années plus tard, en 1964, Tobias, Leakey et Napier, inventeurs de l'espèce Homo habilis, modifièrent cette définition et considérèrent que le genre Homo était défini par une capacité crânienne très variable mais en moyenne supérieure à celles des australopithèques. Le volume endocrânien des spécimens attribués au genre Homo est important par rapport à la taille corporelle et varie d'environ 600 cm3 chez les formes les plus anciennes à plus de 1600 cm3.

Le genre Homo se différencie du genre Australopithecus par une stature et une masse corporelle plus grandes, les membres inférieurs sont plus allongés tandis que les membres supérieurs sont plus courts. Le squelette est parfaitement adapté à la station debout et à la marche bipède. On note aussi des changements importants dans les proportions cérébrales, notamment le développement des régions pariétale et temporale supérieure et de la voûte crânienne en relation avec l'accroissement du cerveau. L'os frontal est de plus en plus bombé et large, les écailles temporales et pariétales sont plus grandes. On note la présence de bosses pariétales et l'absence de crête sagittale. Le bourrelet osseux au dessus de l'orbite est peu développé. La région de la nuque est plus petite que chez les australopithèques, les condyles occipitaux sont situés relativement en avant sur la base du crâne et le foramen magnum est en position postérieure par rapport à la ligne passant par les deux conduits auditifs externes. Le squelette facial est de moins en moins projeté vers l'avant et le prognathisme subnasal est réduit, l'arcade zygomatique est plus fine, l'épine nasale antérieure est saillante, la rangée des dents antérieures de la mâchoire supérieure est courbe. La mandibule est en U, le corps mandibulaire est moins haut et moins robuste que chez les australopithèques et le menton se développe. La dentition est parfaitement adaptée à un régime alimentaire omnivore. Les incisives et les canines sont plus importantes relativement aux prémolaires et aux molaires. Les molaires supérieures sont petites, la dernière molaire supérieure est la plus petite tandis que la troisième molaire inférieure est parfois de taille supérieure à la seconde.

 


Quatre caractères ont également été avancés pour la définition du genre Homo.

Il s'agit du volume endocrânien qui est en moyenne supérieur à celui des australopithèques, avec un certain recouvrement pour certains individus. Il varie de 600 cm3 pour les plus anciens à 2000 cm3 pour les plus récents. Le genre Homo se caractérise par la possibilité d'un langage articulé, une main capable d'une préhension précise avec un pouce opposable bien développé et une habilité à la fabrication d'outils manufacturés. Cependant, au fur et à mesure des nouvelles découvertes, ces quatre caractères biologiques et culturels ont été mis en doute et aucun n'apparaît aujourd'hui satisfaisant pour définir le genre Homo. La signification biologique de la capacité crânienne est critiquée, car des recouvrements existent entre les valeurs des australopithèques et celles des premiers humains. Cette caractéristique est, en outre, très variable au sein de chaque espèce d'Hominidés. L'aptitude au langage articulé d'une espèce est difficile à mettre en évidence. En effet, les zones impliquées dans la fonction du langage, comme les aires de Broca et de Wernicke sont peu observables sur les moulages endocrâniens. La position relative du larynx et du pharynx apparaît également difficilement identifiable. Pour ce qui concerne, la préhension de type humain, elle n'est pas exclusivement réservée au genre Homo, puisque que l'on suppose chez Australopithecus robustus l'existence d'une habileté, d'une motricité et d'une capacité de préhension comparables. L'attribution spécifique à l'Homme de la capacité à la manufacture d'outillage lithique est également controversée. En effet, les outils les plus anciens connus, trouvés in situ sont datés de 2,6 millions d'années (Ethiopie) et de 2,34 millions d'années (Kenya). On ne sait cependant pas quel en est l'artisan. En effet, ces sites sont contemporains de ceux où ont été trouvés les premiers représentants du genre Homo et les paranthropes, qui présenteraient tous deux la capacité anatomique à la fabrication d'outillage lithique.

Propos rédigé par Sandrine Prat
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2 mars 2006 4 02 /03 /mars /2006 11:29

 

Voici quelques exemples de la qualité graphique des ancêtres de nos ancêtres les Gaulois ...


"Les signes abstraits parsemant les frises d'animaux de Lascaux sont des 'symboles' - que pourraient-ils être d'autres ? Les images des animaux elles-mêmes étaient manifestement, aux yeux des hommes de Cro-magnon qui les ont peintes, plus que de simples représentations ; elles étaient aussi empreintes des tonalités du monde complexe de l'esprit. Nous ne saurons jamais avec certitude quel en était le contexte mythologique ; mais il est évident  que même la façon superbe dont les hommes de Cro-magnon ont peint les animaux avec lesquels ils partageaient le monde devaient avoir une importance symbolique qui dépassait la simple description zoologique"
 
Extrait de
Ian Tattersall in l'émergence de l'homme p.204










VISITE VIRTUELLE DE LA GROTTE





1 - LA ROTONDE. Une frise monumentale orne les parois de cette vaste salle, également baptisée salle des Taureaux. Le sol est recouvert de stalagmites et cloisonné de gours qui se remplissent d'eau à la moindre pluie. Les peintures, dont les teintes sont à dominante noire, atteignent jusqu'à 5 mètres de long, et certaines présentent des effets de perspective complexes. Flanqués de sept chevaux galopant, trois des cinq bovidés représentés se situent sur la paroi de gauche. Accompagnés de deux chevaux et d'une file d'aurochs rouges, deux autres de ces animaux se trouvent sur la paroi opposée. A l'intersection de ces deux panneaux, au-dessus de l'entrée du Diverticule, on peut voir un ensemble de petits cerfs témoignant d'une grande originalité graphique. Précédé par un animal fantastique portant deux cornes sur le front et appelé la «Licorne», un groupe de taureaux apparaît sur la gauche, tandis qu'à droite un petit ours peint en noir, et en partie dissimulé dans l'épais contour d'un immense taureau, demeure identifiable. De multiples signes énigmatiques (bâtons, traits parallèles) complètent les panneaux de cet ensemble de représentations en étroite symbiose avec leur support.

2 - LE DIVERTICULE AXIAL. Les compositions que renferme ce long couloir comptent parmi les plus remarquables de la grotte. Sur une douzaine de mètres, deux représentations se font face. À droite, un cerf marque l'entrée du diverticule. Puis une grande vache rouge fait face à un taureau noir, alors que dans l'espace les séparant apparaissent les célèbres «Chevaux chinois». Cette file de petits chevaux est placée au-dessous d'une vache couchée. Exécutée selon les techniques du tampon et de la peinture soufflée, la longue frise des cinq poneys constitue une suite étonnante. Deux bouquetins opposés l'un à l'autre terminent le panneau où les signes (bâtonnets, rectangles, ponctuations ou lignes parallèles), généralement couplés avec les animaux, sont omniprésents. Sur la paroi gauche du diverticule, quatre vaches et trois petits chevaux sont accompagnés de signes identiques. Plus loin, le diverticule se rétrécit et on retrouve, enroulé sur la paroi, un groupe bison-cheval dont les formes suivent le contour de la roche. Deux bouquetins, presque symétriques, s'y font face. Un bouquetin ocre, à la ligne dorsale et aux sabots ponctués de noir, s'efface sous deux vaches présentées en vis-à-vis. Un grand cheval jaillissant des profondeurs terrestres conclut le fameux diverticule. Pour peindre ces animaux et les signes qui les accompagnent sur les parois de calcaire blanc, les artistes durent ériger des échafaudages. Reposant en certains endroits du couloir à une j hauteur de 2 m, le plancher fut vraisemblablement édifié en bois de chêne : des macrorestes végétaux retrouvés à cet emplacement semblent en effet indiquer que c'est ce matériau qui fut employé pour leur édification. Devenu accessible, le plafond put ainsi être intégré au dispositif pariétal. Des vaches viennent y converger selon des axes ! de symétrie parfaitement élaborés. Les proportions I démesurées de ces aurochs, ancêtres directs de nos j bœufs domestiques, leur savant détourage, leurs yeux étonnamment expressifs sont autant de traits raffinés qui appartiennent en propre au «grand  maître de Lascaux».

3 - LE PASSAGE. Il permet de relier la Rotonde a la Nef. Ce couloir de 2 à 4 mètres de largeur a subi de fortes dégradations dues à l'érosion naturelle. Des traces de peintures représentant des pattes d'animaux et de nombreuses gravures subsistent cependant vers le bas de la paroi et dans les parties concrétionnées.

4.1 - L'ABSIDE. Un seul regard panoramique suffit  à embrasser toutes les fresques qu'elle abrite. Petite salle circulaire, l'Abside recueille plus d'un millier de représentations gravées et peintes, du ras du sol au centre du plafond. Les gravures se touchent ou se superposent pour la plupart, parfois dans un enchevêtrement inextricable. On y retrouve tous les animaux figurant dans le reste de la grotte, auxquels s'ajoutent un renne, difficile à identifier, un bœuf, et un personnage curieux baptisé le «petit sorcier». Les grands herbivores (aurochs, bisons...) sont représentés en bas, les taureaux, les chevaux, les cerfs et les biches à mi-hauteur, et des chevaux sont peints sur le plafond.

4.2 - LA SCENE DU PUIT. Situé en contrebas de l'Abside, le Puits a une profondeur de 5 mètres. C'est à l'aide de cordes, dont un fragment a été retrouvé, que les artistes magdaléniens y descendaient. Ils assemblaient ensuite des échafaudages et les étais nécessaires à leur consolidation. A sa base, on remarque un groupe fameux : un rhinocéros et, derrière lui, un homme à tête de chocard (celle d'un oiseau), les bras tendus, renversé par la charge d'un bison au ventre percé d'une sagaie. À ses côtés apparaît une figure décorée d'une tête d'oiseau identique à la sienne. Cette composition associe trois thèmes figuratifs rares (homme-oiseau-rhinocéros), généralement absents du dispositif pariétal supérieur, où le bison est peu représenté. Cette manifestation allégorique est des toutes premières scènes mettant l'homme en action et la seule évocation directe d'une scène de chasse. L'ébauche d'un cheval raide au trait épais et à la crinière ébouriffée occupe l'étage inférieur du Puits.

5 - LA NEF. Dans ce long couloir débutant à gauche de l'Abside, le relevé des figurations présente quelques difficultés. Peintures et gravures se mélangent en se concentrant principalement sur la paroi gauche, la plus accessible. On y reconnaît pourtant divers signes propres à Lascaux, les fameux «blasons» ou «damiers» peints en rouge, jaune et noir. L'expression graphique de la «frise des Cervidés» franchissant la rivière, demeure l'une des plus fascinantes qui soit. Est-ce une harde de cerfs nageant en ordre vers la rive opposée ou un seul cerf croqué aux stades successifs de sa progression et dressant la tête vers l'arrivée ? Cette organisation scénique constitue en tout cas une savante décomposition du mouvement, première version en quelque sorte du dessin animé.

6 - LE CABINET DES FÉLINS. Dans ce diverticule final du réseau sont concentrés six félins gravés. Longue de 25 mètres et étroite d'environ 1 mètre, cette galerie contient aussi plusieurs vestiges de peinture d'animaux, notamment un cheval et un bison, et de nombreux signes quadrangulaires, six points alignés deux par deux, une croix et trois bâtonnets rappelant curieusement le chiffre XIII.

 

 


UN ÉCHAFAUDAGE PRÉHISTORIQUE
Les artistes magdaléniens ne pouvaient atteindre le plafond du Diverticule axial, trop élevé. Creusant des séries de trous dans la paroi, à environ 2 mètres au-dessus du sol, ils y enfoncèrent des solives en chêne, dont on a retrouvé des fragments. Ils purent ainsi dresser un plancher presque horizontal, sur lequel ils peignaient debout. Dans la Rotonde et dans l'Abside, ils ont sans doute utilisé des échafaudages plus légers ou des échelles de perroquet.
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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 10:02

L'espèce humaine est la seule qui sait qu'elle va mourir.

Voltaire

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 09:45

La sauvegarde de notre monde humain n'est nulle part ailleurs que dans le coeur humain, la pensée humaine, la responsabilité humaine.

Vaclav Havel

 

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20 février 2006 1 20 /02 /février /2006 17:52

La grande invention des hommes du Paléolithique supérieur, c'est l'art, l'art pariétal. Pour la première fois, les Hommes sont capables de dessiner, de graver, de sculpter et même de modeler. Ils le font d'abord dans de petites grottes, puis sur les parois des cavernes profondes. Ils représentent surtout des animaux, et exceptionnellement des silhouettes humaines. La découverte dans les gorges de l'Ardèche, le 18 décembre 1994, de la grotte Chauvet dont les peintures datent de 30 000 ans, démontre que dès l'origine l'Homme moderne a été au sommet de son art. Il avait déjà inventé des techniques pour rendre la perspective et le mouvement, il avait inventé le dégradé et l'estompage. On peut dire que le maître de la grotte Chauvet était déjà un grand maître de l'art.


Depuis la découverte à la fin du xixe siècle de l'art rupestre franco-cantabrique, diverses hypothèses sur la nature et les moyens d'application des colorants sur les parois des grottes ont été proposées. Les mélanges dans la composition des colorants, établis à partir de leur structure physique, confirment la maîtrise de la technique picturale.


Les colorants étaient des pigments minéraux naturels : l'ocre fournissait le jaune, le rouge et le brun ; le manganèse, le noir et le marron foncé, le kaolin, la couleur blanche, la limonite et l'hématite pour l'orange, le rouge et le bistre. Ces pigments étaient écrasés à l'aide de broyeurs de pierre dans les cavités naturelles de palettes elles aussi en pierre (plates ou rondes), d'ossements d'animaux chassés ou de coquilles marines. Les artistes se servaient d'eau ou de graisse d'origine animale ou végétale comme liant avant de peindre sur les parois.


La mise en place des peintures pariétales semble avoir été précédée et souvent complétée par la gravure. En ce qui concerne l'application des colorants, plusieurs moyens ont pu être utilisés simultanément ou successivement dans une même grotte : crayons d'ocré, pinceaux, doigt nu, tampons de fourrure, tubes ou cavité buccale utilisés comme vaporisateurs.


Les grottes ornées paléolithiques sont situées sur la façade atlantique de l'Eurasie ; toutefois il en existe quelques-unes dans l'aire méditerranéenne et jusque dans l'Oural. Dans le sud-ouest de la France, elles ont été découvertes en Dordogne, dans le Périgord, en Ariège, en Ardèche, dans la région de Marseille.

L'ensemble des thèmes figuratifs de l'art pariétal présente une certaine homogénéité. De toute évidence, les animaux ont joué un rôle considérable dans l'économie des chasseurs paléolithiques et leurs images ont dû alimenter les rêves comme elles ont inspiré les peintres et les graveurs. Mais l'hypothèse selon laquelle la raison d'être de ces peintures serait l'envoûtement des animaux figurés, pour s'en assurer la possession magique lors de la chasse, concerne moins de 10 % des représentations animales, celles qui les montrent transpercés par des flèches. L'art des cavernes n'est pas forcément en relation avec la chasse puisqu'à Lascaux, par exemple, les Hommes consommaient surtout du renne et qu'il n'y a qu'une seule peinture de renne : ce sont surtout des cerfs qui sont représentés. L'hypothèse d'un art en relation avec la fécondité est aussi impossible à soutenir : ni les figures féminines ni les animaux n'évoquent la reproduction ou l'enfantement.


L'étude de l'art pariétal paléolithique met en évidence son organisation ; rien n'est raconté ni explicité clairement, tout paraît symbolique et codé. Certains chercheurs y ont vu des pièges, des huttes, des armes, des blasons, en se fondant sur de vagues similitudes de formes et des coïncidences ethnographiques. Pour André Leroi-Gourhan, l'étude de leur répartition chronologique et topographique montre que les signes sont des symboles de caractère sexuel masculin et féminin. Les ovales, triangles et signes quadrangulaires sont autant de représentations plus ou moins abstraites de vulves. Les points et les bâtonnets sont des signes masculins, mais leur abstraction dépasse la simple analogie formelle. Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'un code symbolique : liaisons préférentielles entre certaines espèces animales, relations électives entre les différents types de signes, composition en file, en paires, etc.

Les Hommes ont pu pénétrer à l'intérieur des cavernes grâce à des lampes creusées dans des pierres où devaient brûler des matières organiques (huiles, graisses). Ces lampes y ont souvent été retrouvées comme à La Mouthe, au Moustier ou à Lascaux. Dans ce dernier sanctuaire profond, les fouilles ont mis au jour une lampe façonnée en grès rosé et plus d'une centaine non façonnées en pierres brutes de calcaire local choisies à cause de leur petite dépression naturelle. Leur lueur devait être celle d'une bougie et créer une ambiance très particulière. Des expériences ont été faites avec des artefacts : à la lueur de ces flammes vacillantes on a l'impression fantastique de voir les animaux en mouvement.

Extrait de "L'Homme premier - Préhistoire, Evolution, Culture",
écrit par Henry de Lumley
Editions Odile Jacob - 1998

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12 février 2006 7 12 /02 /février /2006 10:20

Interview de Yves Coppens, Professeur au college de france et paléantologue reconnu, au sujet de l'almasty et de la cryptozoologie pour le magazine Mysteres de Novembre 1994.

Copyright (C) 1994 - “François de Villac / Mystères Presse” 


· Pourquoi avez-vous cautionné l'expédition de Marie-Jeanne Koffman?
Yves Coppens : Parce que je suis scientifique et que la science est curieuse par définition et s'intéresse j'allais dire je crois mais j'en suis sûr à tout ce qui est possible. Qu'on vienne me dire qu'il s'agit d'un mythe et qu'on me le démontre, ou qu'on me dise qu'on a trouvé les ossements de l'animal que j'attends, j'en serais aussi heureux. Mais en tout cas, je ne fais pas marche arrière, je suis tout à fait intéressé, et toujours prêt à cautionner ce type de démarche. Je trouve que c'est une chose fort importante et qu'il est bon de voir s'éclairer un jour, dans quelque sens que ce soit.

· S'agit-il d'un singe ou d'un homme?
Y.C. : Je n'en sais rien car ne sais toujours pas s'il existe. Selon la description que m'en a faîte le docteur Koffmann, ça répondrait beaucoup plus à un grand singe qu'à un homme ancien.

· Pourtant on parle d'homme de Neandertal?
Y.C. : Cette espèce d'obsession d'appeler cet homme le Neandertal est ridicule. Je suis tout à fait hostile à cette idée parce que le Neandertal est un homme fossile que l'on connaît très bien et qui n'a que quelque 30 000 ans au plus.
Ce sont des gens qui sont très intelligents d'après leurs outillages, qui sont très raffinés, qui collectionnent des pierres curieuses, qui collectionnent des fossiles, qui se décorent le corps, qui croient à un au-delà puisqu'ils enterrent leurs morts... Ça n'a vraiment rien à voir avec cette histoire d'AImasty.

· Pourquoi une telle confusion?
Y.C. : L'erreur vient du fait que, depuis le siècle dernier, Neandertal est l'équivalent d'" homme stupide et fruste ". Prenez le film Forrest Gump où Tom Hanks incarne un simple d'esprit. Lors d'une interview, l'acteur a affirmé s'être inspiré de Neandertal pour son rôle de benêt. Il n'y a plus aucun doute, pour l'homme, Cro-Magnon est con!

· Pour vous l'hypothèse du singe ne fait aucun doute?
Y. C. : Il a tout pour plaire. D'abord, il a ce gros orteil divergent, on le voit sur les empreintes relevées lors des expéditions, et il n'a rien à voir avec le pied humain et son orteil aligné sur les autres, qui d'ailleurs est un pied qui n'a pas plus de trois millions d'annèes. C'est pourquoi il me paraît plus évident d'avoir affaire ici à un grand primate qui, gêné par les hommes en basse altitude, est allé se réfugier dans les montagnes.

·Quelles Sont les preuves que nous détenons aujourd'hui sur l'existence de l'Almasty?
Y.C. : Il y a beaucoup d'empreintes de pied - photos et moulages - qui sont en effet très impressionnantes. Le docteur Koffmann a également rapporté la description d'une espèce de litière qui aurait été occupée par ces animaux et autour de laquelle se trouvaient des restes d'aliments végétaux.

· Peut-on savoir aujourd'hui le nombre approximatif d'Almasty peuplant le Caucase?
Y.C. : Je n'en sais rien. C'est un petit peu ce qui jette le trouble sur la réalité de ce personnage. On trouve l'Almasty dans le Caucase, le Yeti au Népal et le Bigfoot en Amérique. Je trouve qu'on le rencontre beaucoup...

· Un de vos confrères affirme qu'une espèce ne peut se perpétuer qu'à la condition qu'il reste au moins mille individus vivants. Cela voudrait dire qu'il y aurait dans le Caucase, un millier d'AImasty sans que l'on puisse les distinguer?
Y.C. : Pourquoi pas, et ça ne me paraît pas beaucoup d'ailleurs, parce que le Caucase est une région d'altitude qui est extrêmement arborée. Les espaces sont immenses. Et puis l'homme n'a aucune raison de monter à partir d'une certaine altitude dans les zones forestières. Pour chasser, il se contente d'une partie peu profonde de la forêt. De même, pour récupérer son bois, il a ce qui lui faut en bordure. Donc,le fait qu'il y ait un millier d'individus ne paraît pas surprenant du tout.

· Pourquoi n'a t-on toujours pas décelé un tel personnage malgré la haute technologie de détection opérée par satellite?
Y. C. Dans la forêt, on ne voit pas grand-chose, même depuis les satellites. D'autre part, regardez le temps que l'on met parfois à retrouver l'épave d'un avion malgré ces satellites qui, soit dit en passant, peuvent déceler des objets de la taille d'une balle de tennis.
Et puis, malgré les satellites, il y a bien des bêtes extraordinaires et importantes de taille en vie. Je pense au pseudoryx, cette bête grosse comme un buffle avec des cornes d'antilope africaine découverte dernièrement au Vietnam. Ça prouve que ce genre de bestiole existe aujourd'hui. Ce n'est pas parce que les gens du Caucase vivent à côté de l'Almasty qu'ils vont courir vers les zoologues en leur disant " Vous savez, dans vos inventaires, il n'y a pas encore cette bête là. " ils vivent en équilibre dans leur environnement depuis bien des années. Les Mois, des hautes montagnes vietnamiennes suffisamment épaisses pour ne pas avoir été trop touchés par les deux guerres successives, se moquaient du fait que le pseudoryx figura dans nos listings ou pas. En tout cas, ça veut dire que des bêtes aussi grosses que ce pseudoryx ont survécu jusqu'en juin 1994 sans jamais avoir été répertoriées.

· Si l'on accepte tous les renseignements qu'on a récupérés jusqu'ici, peut-on dire que l'on a ici une sorte de chaînon manquant?
Y. C. : Ce n'est pas un chaînon manquant vis-à-vis de l'homme, mais l'arbre phylétique des espèces est très grand. Puisque le nombre d'espèce est extrapolé à une quarantaine ou une cinquantaine de millions, celles dont on dispose, vivantes et fossiles, n'en représentent qu'une partie, c'est-à-dire qu'on a beaucoup de chaînons qui manquent. La paléontologie est beaucoup plus riche de ces chaînons qui manquent que des chaînons qu'elle a à retrouver. Donc, ce serait effectivement un chaînon de plus, mais pas du tout lié à l'homme.

· Alors, les yeti, bigfoot et Almasty auraient connu la même évolution?
Y. C. : Oui ce serait une espèce de développement parallèle, de même source en tout cas, et, si l'histoire du gigantopithèque est juste, le foyer serait asiatique, avec expansion notamment vers les hauteurs de l'Asie, puis vers l'Amérique et les hauteurs de l'Amérique. C'est toujours dans les montagnes rocheuses.

· Etes-vous autant à l'aise dans la zoologie que dans la cryptozoologie?
Y. C. : À l'aise, non. Je ne suis pas spécialiste du tout. Je m'intéresse, je suis curieux.

· Disons que vous êtes ouvert?
Y. C. Un dicton anglais dit: " Chers scientifiques, attendez-vous toujours à l'inattendu ! " Eh bien, si je ne m'étais pas attendu à l'inattendu, il y a bien des choses que je n'aurais pas faites. La solution n'est pas toujours dans les sentiers parcourus. Elle y est quelquefois, mais elle est quelquefois tout à fait ailleurs.

· Par rapport aux témoignages de l'expédition, vous en êtes où exactement?
Y. C. : Vous savez, lorsqu'on a trouvé la grotte de Cosquer et même l'homme dans le Tyrol, certains scientifiques ont dit : " Quelles plaisanteries ! " J'ai regardé les informations de près et j'ai trouvé que ça avait toute l'allure de la vérité. Aujourd'hui, on en revient raisonnablement à la foi en ces peintures rupestres et ce personnage. Mais c'est une réaction humaine qui est bonne, car il faut que la science soit critique. Lorsqu'on trouve quelque chose d'extraordinaire, premièrement c'est l'admiration, ensuite c'est la détraction, puis on y revient posément. En ce qui concerne l'Almasty, j'en suis au même point. Tout ce qui a été dit contre ne m'a pas ému, j'attends des preuves ou des anti-preuves qui seraient quand même des preuves. Mais je reste très intéressé, et je soutiens tous les gens qui se lancent dans cette aventure.

· La découverte d'une de ces créatures ne risque-t-elle pas de perturber l'homme?
Y. C. : Si on rapportait en France ou ailleurs une de ces créatures, ce serait une chose intéressante sur le plan de la zoologie et aussi de l'histoire des primates, et peut-être du même coup de l'histoire de l'Homme. Le problème se poserait plutôt pour ces espèces au point de vue de leur tranquillité et de leur sauvegarde.

· Que pensez-vous de la cryptozoologie ?
Y. C. : C'est une science qui me semble tout à fait respectable comme je vous l'ai déjà dît. Elle cohabite très bien avec la zoologie. Chaque année, un certain nombre d'êtres vivants passe de la cryptozoologie à la zoologie... Le tout, c'est de se dire qu'une fois repérés, ils changent tout simplement de liste.

· Un message pour vos confrères scientifiques?
Y. C. : Mon message, ce serait vraiment : Attendez-vous toujours à l'inattendu !

Propos recueillis par Fabien BLEUZE

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